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que dans celui de l’intelligence, c’est-à-dire d’une part au culte physique de la personne humaine, un des traits incontestablement les plus accentués de l’occidentalisme contemporain et, d’autre part, dans un ordre plus élevé, à la « culture » continue et voulue de l’individu. Car « il n’y a pas de culture véritable, comme on l’a très justement dit, sans une attitude de l’esprit à l’égard de cette culture elle-même. Un homme cultivé se connaît comme tel ; il a conscience des éléments qui meublent son esprit, de leur liaison interne et de leur place dans l’ensemble de la civilisation[1]… »

En bref, nous sommes en face de deux principes de vie, de deux consciences métaphysiques qui s’affrontent ; mais nous n’oublierons pas la politique pour la philosophie. Nous tâcherons d’éclairer la première par la seconde. Notre intention est de rechercher le sens qu’Okakura donnait à son affirmation « l’Asie est une ». Nous verrons ensuite si l’unité de l’Asie est encore un fait aujourd’hui et s’il faut lui accorder une portée politique, autrement dit si elle peut avoir des conséquences dans les relations internationales.

Et d’abord, qu’est-ce que l’Asie ? « L’Asie, répondent Elisée et Onésime Reclus dans l’Empire du Milieu, est la plus vaste des cinq parties du

  1. « Le destin de l’Europe », par Th. Ruyssen. Revue de Métaphysique et de Morale. Juillet 1935, p. 440.