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d’Ogodaï les arrêta. Le pape Innocent IV eut l’idée de leur envoyer une mission. Saint Louis fit de même. De solennels messages furent échangés, mais en réalité une véritable prise de contact ne se fit pas et les messagers, reçus sans aménité, se hâtèrent de revenir sans avoir rien vu. Ce n’est qu’à la fin du siècle que l’aventureux marchand vénitien Marco Polo parvint à demeurer et à voir suffisamment que son récit, véritable révélation, apprît à l’Europe ce qu’elle devait savoir de l’Extrême-Orient pendant trois cents ans.

Certes, les difficultés rencontrées dans son extraordinaire randonnée par Marco Polo, ensuite par les Portugais, les Hollandais, les Anglais, les Russes, les Français dans leur pénétration en Asie se sont singulièrement aplanies au cours des trois derniers siècles ; il n’en est pas moins vrai que l’obligation où se sont trouvées, jadis, les populations de l’Asie de fuir le refroidissement progressif des plateaux centraux a mis entre elles non seulement d’immenses espaces, mais des habitudes de vie, des idées et des aspirations différentes. En un mot, des foyers de civilisation se sont allumés aux deux versants du « toit du monde ». Au fur et à mesure que les masses descendaient vers les climats meilleurs de l’Est et de l’Ouest et trouvaient l’habitat qui leur convenait, elles fixaient, en même temps que leurs tentes, des codes de vie très différents. Ainsi naquirent peu à peu ces deux âmes qui se sont perpétuées à travers les âges et qui demeurent, encore