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paix par de grands esprits de l’époque moderne. On peut même supposer que de tous les pays européens, les meilleurs envisagent actuellement cette conclusion de la guerre.

Remarquons qu’en Europe comme en Asie, l’ordre nouveau tend à l’unité et que cela n’infirme en rien l’opinion de Kipling sur l’impossible « rencontre », car chacun des continents recherche l’unité de son côté et à son profit. Toutefois ces unités ne se détruisent pas ; elles tendent au contraire à se pénétrer réciproquement par de perpétuels échanges de toutes natures.

Ainsi, les deux continents se présentent l’un à l’autre sous la forme de deux unités ou de deux synthèses de toutes les diversités nationales. Car l’unité qui « traduit la loi la plus spirituelle de l’être, unir étant une vocation permanente de l’esprit », ne doit pas être confondue avec l’uniformité qui n’est qu’une caricature de l’unité, l’unité obtenue par voie de nivellement extérieur. L’unité européenne et l’unité asiatique seront de part et d’autre d’autant mieux cimentées qu’elles se composeront de plus de diversités, à condition bien entendu que chaque nation soit convaincue de la nécessité de maintenir l’unité et s’y applique. Car de même que l’unité de la nation, loin de souffrir de la diversité des personnalités régionales n’en est que plus cohérente, l’unité du continent est d’autant plus forte que les nations qui la composent y tiennent davantage, parce que l’unité continentale comme l’unité nationale est volonté de