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d’ailleurs concordants et continuant à nous en tenir à l’Asie et à l’Europe, avouons que nous sommes en face d’une conception nouvelle qui peut créer, à la longue, un équilibre de paix, but ultime auquel tendent les belligérants et toute l’humanité derrière eux.

Mais chassons les illusions, « ces chiffons de pourpre et d’or » comme les appelle Gœthe, qui nous feraient espérer ce résultat pour le lendemain même de la paix. Les nations appelées à coopérer à un ensemble européen plus encore que celles appelées au même rôle en Asie, sont si différentes par leur histoire, leurs traditions, leur physionomie politique et leur structure économique, qu’il leur faudra du temps pour se comprendre et se grouper utilement. Le sentiment de la solidarité doit les y aider.

Le sentiment de la solidarité n’est pas un vain mot ; en dépit de l’échec des initiatives qui auront pour objet sa mise en pratique entre les peuples, la ténacité avec laquelle ceux-ci y reviennent prouve qu’il est inné à l’homme. Mais de là à créer des règlements pour son application rationnelle, de là pour ainsi dire à le codifier, il y a évidemment une marge. Non seulement il faut y longuement réfléchir, mais il faut que toute tentative de ce genre puisse durer, que des événements ne viennent pas l’interrompre, condition sans laquelle aucune preuve forte ne prend corps. Malgré tout, la solidarité européenne, une Europe unie, a été recommandée dans l’intérêt de la