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normes de vie ; sachons que l’esprit demeure asiatique. On ne saurait trop rappeler que la disposition capitale de l’Asiatique est de s’assimiler les progrès matériels de notre civilisation pour des fins utiles, sans que cette utilisation modifie les traditions morales.

Si les changements qu’il faut prévoir nous sont défavorables, s’ils marquent une réaction contre l’Europe, rappelons-nous qu’en réalité cette réaction se produit plutôt contre l’attitude et les procédés de pays européens que contre toutes les idées de l’Europe puisque c’est le plus souvent au nom de certaines de ces idées qu’elle se produit.

Les Asiatiques ne considèrent nullement que les Européens aient été les guides de l’humanité ; ils ont de leur vieille civilisation une plus haute idée que de la nôtre ; malgré cela, leur évolution matérielle s’est accompagnée jusqu’à un certain point d’une évolution morale. Ce qu’ils ne comprennent pas, ce qu’ils n’admettent pas, c’est que les Européens ne traduisent pas dans les faits et n’appliquent pas toujours à leur égard, les doctrines libérales qu’ils prêchent et qui les ont indubitablement séduits.

Maintenant, que peut-il se passer dans l’ordre économique ? Nous rappelions plus haut le mot de Gobineau sur les Chinois qui, bien repus de riz et vêtus de cotonnade bleue, sont satisfaits et ne se soucient guère des abstractions. D’abord,