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Ce ne sont pas les autres religions pratiquées en Chine telles que le taoïsme, ensemble de pratiques superstitieuses, le confuciisme, morale qui tient lieu de religion pour le Chinois, lequel, ainsi que l’a écrit Gobineau, « bien repu de riz et avec son habit de coton sur le dos, ne se soucia pas d’affronter le bâton des hommes de police pour la plus grande gloire d’une abstraction »[1], ce ne sont pas, disons-nous, ces religions qui peuvent se répandre en Europe. Ce n’est pas davantage le shintoïsme ou quelque secte bouddhique du Japon.

Le shintoïsme est à la fois le culte de la patrie et de l’empereur. Les deux cultes se confondent. L’empereur n’est pas souverain par la grâce de Dieu, mais il est lui-même un être divin. Et que l’on ne croie pas que ce soit une croyance désuète ou qui n’existe plus qu’à l’état de souvenir. Un procès retentissant intenté il y a quelques années au professeur Minobe de l’Université impériale de Tokio prouve le contraire. Celui-ci avait employé l’expression « organe de l’Etat » pour décrire le rôle de l’empereur. Expression sacrilège. Le professeur dut donner sa démission et ses livres furent interdits. Intactes sont les traditions relatives à l’empereur et à la famille impériale qui sont les bases

  1. Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines, p. 480 (Firmin Didot).