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traditions familiales, ses secrets de fabrication et les corporations comme celles des armuriers, des porcelainiers, des tisserands, des laqueurs, non seulement ont subsisté parmi eux, mais y sont en honneur tout comme autrefois.

Mais sous quel aspect la nature séduira-t-elle le plus l’artiste extrême-oriental ? Sera-ce sous son aspect grandiose : panorama de hautes montagnes ou horizon marin à perte de vue ? Non ; un coin de nature, à demi-perdu dans la brume, une étroite presqu’île surmontée de quelques pins et frangée d’écume. Il préfèrera ces aspects, il y verra l’univers en raccourci, comme le Chinois, amateur de pierres dures le perçoit dans le jade ou l’agathe, qu’il sort de sa poche et frotte doucement sur sa manche avant de les regarder pour la millième fois.

C’est la simplicité primitive de la nature que l’artiste poursuit sans cesse, qu’il cherche à exprimer. Cette simplicité primitive de la nature lui est plus sensible dans un cadre réduit, dans la pénombre et le mystère des formes qu’estompe le brouillard que dans l’éclat du soleil. Par ce plan de colline entrevu dans le nuage, par cette branche de bambou ployée par le vent, par cette vague unique du grand Hokousaï, il se sentira relié à l’infini.

« Mouk’i » (XVIIIe siècle), écrit M. René Grousset, peut surpasser comme paysagiste, les maîtres confucéens eux-mêmes… Les barques, on les distingue à peine, tant tout le paysage est fait d’eau,