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Il y a même au Japon des arts qui nous échappent totalement, tels ceux de la décoration florale et de la Cérémonie du thé. « Avec des fleurs, le Japonais compose des chants et des symphonies qui sont aussi éloquents pour lui que les sentences et les estampes qui ornent les murs », écrit Mme  Lily Abegg. Et aussi : « Un formalisme voulu et accentué, en union avec un sentiment élevé de la nature, telles sont les bases fondamentales de la Cérémonie du thé. A première vue, l’Occidental pourrait juger qu’il s’agit là d’une manifestation d’ordre purement esthétique. Mais le Japonais y voit bien autre chose, car selon les paroles d’Okakura Kakuzo : « En elle s’exprime distinctement notre attitude devant les hommes et la nature, en union avec l’esthétique et la religion. Elle est l’hygiène, car elle nous incite à la propreté ; elle est l’économie, car elle nous prouve que le bien-être repose dans la simplicité plutôt que dans le compliqué et le coûteux ; elle est la géométrie de la morale, car elle fixe les rapports de notre sentiment avec le Tout ».[1]

Les profanes ne pénétreront certainement pas dans le sanctuaire d’un tel art, aussi son influence sur nous sera-t-elle toujours très réduite ; même chez nos artistes, elle ne dépassera probablement jamais sauf exception les limites de leur curiosité et n’influera guère sur leur inspiration.

  1. Op. cit. p. 223.