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Georges Bonneau, pour en goûter tous les raffinements et toute la subtile saveur[1].

Nous en dirons autant de l’art musical et de l’art dramatique, objet des études de M. Louis Laloy.

  1. La poésie préférée des Japonais est d’une brièveté sans égale. Le tanka comprend 31 syllabes, sa forme n’a pas changé depuis mille ans ; le haïkaïa 17 syllabes et remonte au XVIIe siècle. Voici la traduction d’un haïkaï de Basho :

    Sur l’étang mort
    Le claquement d’une grenouille qui plonge.

    En voici un second :

    À chaque brise
    Le papillon sur la prairie
    Change de place.

    Le Japon a produit de plus longs morceaux, mais ils n’ont jamais eu le succès des pièces courtes.

    Voici maintenant deux poèmes de Li Tai-po cités par M. René Grousset :

    Le voyageur sur la mer profite d’un vent favorable,
    Il lève l’ancre et part pour de lointains pays.
    Comme l’oiseau qui traverse des nuages innombrables
    Son sillage ne laisse aucun souvenir.

    C’est notre thème romantique : « Jeter l’ancre un seul jour ».

    En voici un second d’inspiration taoïste :

    Je jouerai sur le Kin l’air de la forêt de pin agitée.
    En levant ma coupe j’inviterai la lune.
    Le vent et la lune seront mes amis éternels.
    Mes semblables d’ici-bas ne sont que des amis éphémères.