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IV

Il n’est pas douteux que dans le domaine de l’art, l’Asie puisse avoir en Occident une certaine influence, mais jusqu’où cette influence peut-elle aller ?

De tous les arts, c’est l’art pictural qui peut être le plus influencé par l’Asie ; l’art littéraire n’est accessible à la plupart des blancs qu’à travers des traductions et de ce fait leur échappe en partie. La forme poétique très loin de la leur peut les charmer un instant mais ne les accapare pas entièrement. Telle pièce en quelques vers fût-elle de Li Tai-Po ou de Tou-Fou, ces illustres poètes chinois du VIIIe siècle, la belle époque, tel tanka ou haïkaï fût-il de Basho, le grand poète japonais du XVIIIe siècle, « on voit bien, comme l’a dit quelqu’un, le charme de la goutte de rosée sur un pétale de fleur, mais cette poésie est si conventionnelle qu’elle appelle invinciblement le pastiche et que nous n’aurions pas grand mal à écrire des poèmes à la manière de Li Tai-Po… » Possible, mais soyons francs. Avouons que l’art poétique extrême-oriental ne nous est pas entièrement accessible et reconnaissons sans fausse honte qu’il faut une longue initiation, comme celle du professeur