tant de dévouements admirables, de vocations hier insoupçonnées, d’actes courageux jusqu’à l’héroïsme, qui inspire aux gouvernements et aux institutions d’Etat les lois ou les règlements les plus altruistes ? Non, ces actes de dévouement, cette législation, si méritoires et si nobles qu’ils soient, sont occasionnels et ne créent pas un état permanent, une atmosphère durable. Ils sont un événement qui passe, un rayon de beauté morale qui traverse la nuit des calamités et des horreurs ; mais il faut chercher ailleurs ce qui demeure, ce qui a la vertu de vivre au-dessus des contingences et en dehors du temps.
Le lien que nous recherchons entre les hommes n’est ni la communion de quelques-uns dans le culte des lettres et des arts, ni un élan passager d’altruisme. Ce n’est pas davantage un progrès, promoteur d’une civilisation universelle que certains recommandent, nous l’avons vu, et substituent à la chrétienté d’autrefois ; le progrès, nous le répétons, peut unifier les nations, mais non point les unir. Ce n’est pas non plus une norme de vie, ni un vouloir, ni une acceptation de l’esprit, mais c’est un don du cœur.
Où ce sentiment prendra-t-il sa source ? Comme tous les sentiments, il naîtra du cœur. A-t-on pensé quelquefois que l’idée de chrétienté était bien plus d’ordre sentimental que politique ? La politique n’était pas au premier rang des préoccupations de ceux qui prêchaient cette unité aux XIIe et XIIIe siècle, mais quelque chose de plus