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notre temps un sentiment qui constitue, comme autrefois, un lien spirituel entre les peuples équivalent à l’ancienne chrétienté ? Certainement.

Les mots ont un destin comme les choses. Tel mot qui fut toujours pris dans son sens strict, soudain ne l’est plus. Tel autre qui traduisait une idée claire et comprise de tous devient tout à coup obscur en exprimant des idées vagues. Nous avons vu au cours des vingt dernières années passer par ces avatars les mots mystique et humain.

On a fait du mot mystique un usage abusif et souvent erroné.

Humain, qui jusque là avait exprimé simplement et clairement ce qu’il voulait dire, prit un jour une importance politico-philosophique qui parut à certains une invention de génie.

En vérité, humain n’a jamais voulu dire autre chose que ce qui appartient à l’homme au sens physique et moral, et si nous prenons le mot au sens moral et si nous l’appliquons à un acte, à un sentiment, le sens en sera d’autant plus élevé que l’acte, le sentiment seront plus beaux. Il restera qualificatif et ne signifiera que ce que nous venons de dire.

Or, si nous voulons prôner un sentiment humain, faut-il encore que nous le définissions, que nous montrions où il prend sa source et à quoi il tend. Les temps troublés que nous vivons se carac-