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Dans nos études sur la politique extrême-orientale, nous avons écrit à plusieurs reprises : il y a une rançon aux progrès matériels qui tendent à unifier les hommes. Ces progrès sont à la fois la cause d’une pénétration réciproque des différentes civilisations et d’une crise inévitable entre elles. Le prestige de la civilisation qui inventa les connaissances modernes, s’émousse à mesure que d’autres civilisations se les assimilent et les emploient à leur tour[1]. La civilisation inventrice est celle des blancs. Or, plus les rapports s’établissent entre ceux-ci et les jaunes, plus les premiers, de leur côté, prennent ombrage des aspirations des seconds. Les races en présence s’opposent l’une à l’autre. On voit alors les Asiatiques tenir des conférences et songer à se grouper ; des puissances blanches agir, sinon d’une seule manière, du moins dans un même esprit à leur égard : l’une interdit aux jaunes l’entrée de son territoire, telle autre renonce à lier ses destins aux leurs. On sent alors qu’à la base de ces rapprochements ethniques, de cette espèce de collusion entre peuples de même couleur, il y a autre chose que l’intérêt pur et simple : un sentiment. C’est par là seulement que les rapprochements sont possibles.

  1. Voir nos livres : Le Pacifique et la rencontre des races (Delagrave) ; La Chine et le Pacifique (Fayard) ; Unité de l’Asie (Bosc et Riou, Lyon).