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Cela dit, quelle valeur devons-nous accorder à la nouveauté qui fait l’objet de cette étude : la présence de l’Asie ? Cette présence existe-t-elle en profondeur ou n’est-elle qu’en surface, fugitive et passagère comme une mode ? On sait que le XVIIIe siècle fut entiché de « chinoiseries » et que si fantaisiste que fut alors la représentation des habitants et des choses de la Chine, ce pays fut à l’ordre du jour dans diverses nations européennes et que depuis l’art décoratif avec Huet jusqu’à la satire politique avec Goldsmith, il servit aux artistes et aux écrivains de sujet, d’exemple et d’argument, sans être le moins du monde connu d’eux.

Nous n’en sommes plus là. Chine et Japon sont connus de nos jours d’assez de gens pour que des erreurs trop lourdes ou des fantaisies trop libres ne soient plus permises à leur endroit. Toutefois nous reposons la question : la présence de l’Asie résulte-t-elle d’apports définitifs ou au contraire momentanés ?

À cette question, nous répondons sans hésiter : il n’est pas douteux que l’Asie soit entrée pour toujours dans le circuit de l’activité mondiale. La guerre actuelle fait franchir aux Asiatiques la dernière étape et ne serait-ce que pour cela, l’on aurait raison de dire qu’elle aura été plus constructive que destructive. Toutes les guerres tendent à quelque ordre nouveau plus ou moins prémédité et plus ou moins marqué, mais celle-ci plus encore que les autres. Ne sera-ce pas un ordre tout nouveau que celui où l’Asie apparaîtra sur le plan de conti-