Page:Duboscq - Présence de l'Asie.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.

a longtemps — le peu que nous savions des Orientaux ne nous en fit pas mesurer la portée, mais après plus de trente ans de constante relation avec des Orientaux et des Extrême-Orientaux, nous nous étonnons chaque fois que nous la rencontrons de l’impression qu’elle nous laisse. Il semble qu’il émane de ces quelques mots un pouvoir étrange, fatidique, qui étreint presque physiquement comme un sort qu’on vous jette…

C’est chose si usée que de comparer l’Orient et l’Occident que nous voudrions l’éviter ; nous voudrions éviter surtout de répéter ce que nous avons dit ailleurs sur ce sujet. Il est bon toutefois de rappeler, pour la position de notre thèse, que malgré l’abîme qui les sépare et bien que l’Orient prétende rester le grand maître de la conception spiritualiste du monde, il a conscience de son infériorité devant la précision occidentale. Mais si pourtant on peut, d’une façon générale, parler d’adaptation à l’esprit occidental chez les Orientaux, il ne faut pas croire à la recherche par eux d’une véritable modification intérieure. « Lorsque nous apprenons qu’une transformation s’opère dans le peuple japonais, nous croyons trop aisément que celle-ci s’accomplit selon nos vues et qu’il s’agit d’une européanisation foncière. Seule, la civilisation matérielle est à l’image de l’Occident. Le côté extérieur est occidental, mais l’esprit demeure japonais ». Ainsi s’exprimait Mme Lily Abegg dans l’avant-propos de son intéressant ouvrage intitulé Yamato (Fayard).