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Un jour que nous rappelions à de jeunes Asiatiques évolués l’état dans lequel les blancs avaient trouvé leur pays et celui dans lequel il était à présent : « Peu nous importe le passé dont vous nous parlez, nous fut-il répondu, nous ne l’avons pas connu. Nous avons trouvé notre pays dans l’état où vous l’avez mis et nous sommes nous-mêmes faits par vous à votre image : ingénieur, médecins, juristes. La réalité est telle ».

Réponse typique et que recevait dans tout l’Extrême-Orient quiconque s’avisait de soulever la question ; réponse qui révélait clairement la conviction de ceux qui la faisaient d’être à égalité avec les blancs et mieux encore, car outre l’acquis de notre civilisation, les Asiatiques conservaient au fond d’eux-mêmes l’orgueil de la leur qu’ils jugeaient moralement supérieure à la nôtre, qu’ils ne connaissaient d’ailleurs, sauf exception, que sous son aspect matériel.

Bien que l’on puisse faire remonter un peu plus haut l’effet produit par la première rencontre des deux civilisations, ce n’est guère qu’en 1905 que les conséquences s’en firent pleinement sentir. La victoire japonaise de 1895 sur la Chine avait bien suscité dans certains milieux chinois l’envie des réformes ; mais celle de 1905 sur les Russes poussa toute la jeunesse chinoise des écoles dans les rangs des novateurs.

Au Japon, l’effet s’était produit dès l’ouverture de cette période que l’on a appelée l’ère du Meiji ou du « gouvernement brillant », qu’inaugura