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temps endormis ; tout en nous imitant, ils revivaient leur passé, ils évoquaient leur civilisation millénaire, les fastes de leur histoire ; l’orgueil soulevait leur poitrine et le besoin d’indépendance grandissait en eux.

Lorsque nous avons essayé de dégager les caractères de cette civilisation dont à juste titre les Asiatiques se montraient si fiers, nous avons conclu, on l’a vu, à une unité d’ordre moral qui reposait sur une sorte de compromis entre l’esprit d’imitation à tendance matérialiste et une volonté arrêtée de défense raciale d’essence spirituelle.

Quelqu’un qui nous avait bien compris écrivait alors : « Notre Europe, qui juge des choses d’après un rationalisme qui donne à l’esprit une place éminente et indépendante du monde extérieur, ne peut guère arriver à comprendre le panthéisme flottant de cette grande masse asiatique. C’est cet état particulier que nous taxons peut-être à tort d’inconscience, qui fait justement cette unité de l’Asie »[1].

En somme, notre enseignement aboutit à éveiller chez les Asiatiques le goût de l’indépendance et nous ne tardâmes pas à nous en apercevoir. Leur esprit d’imitation et leur habileté à copier les mirent vite à même de produire eux-mêmes ce qu’ils voyaient chez nous. Ils se crurent arrivés d’emblée au même plan.

  1. Echo de Savoie, 25 décembre 1941, article de Paul Guiton.