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race latine, race germanique, race anglo-saxonne. « Les diverses manières de penser, de sentir et d’agir, écrit M. André Joussain, propres aux différents peuples, constituent en fait ceux-ci en autant de races distinctes… De ce point de vue la race est une notion psychologique. Elle se distingue de la notion zoologique définie par des caractères physiques apparents »[1].

Au reste, qu’on le veuille ou non, l’Asiatique, tel qu’il est, est vraiment parmi nous. Il apporte avec lui sa civilisation, qui repose sur son effacement individuel et sa fusion avec l’univers et qui s’oppose par conséquent à la nôtre, qui repose au contraire sur la sauvegarde et l’épanouissement de la personnalité humaine. Un abîme les sépare. Malgré tout, l’Asiatique est moralement présent.

De plus, il l’est réellement. C’est donc un sens physique qu’en second lieu nous donnons au mot présence.

Il suffit d’ouvrir les yeux. Alors qu’il y a seulement trente ans les Asiatiques étaient rares en Europe, ils y sont peu à peu devenus très nombreux. D’abord, les étudiants y sont venus en masse. Ils y ont étudié les sciences et les arts. Certains de leurs écrivains, de leurs artistes nous ont apporté des formes et des styles de chez eux ou ont copié et interprété les nôtres. Puis des gens d’affaires ont établi en Occident des bureaux, des

  1. André Joussain, Les sentiments et l’intelligence, p. 229. (Flammarion.)