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pensée de l’écrivain japonais ni le besoin d’un monde d’essence transcendante, ni celui d’un culte d’êtres vraiment divins, mais le besoin inné d’unité de l’univers qui se traduit chez tous les Asiatiques par le mouvement spontané qui relie l’esprit au monde extérieur au lieu de l’y opposer et de le tenir, comme nous le faisons, dans un domaine à part.

Mais nous avons développé cette idée ailleurs. Disons ce que nous entendons ici par « présence » afin d’éviter si possible un nouveau malentendu.

Au mot présence nous donnerons tout d’abord un sens moral : l’entrée d’une civilisation et d’une race nouvelles sur le théâtre où se joue l’histoire quotidienne du monde et où les principaux rôles n’étaient tenus jusqu’ici que par des peuples d’une civilisation et d’une race différentes.

Race et civilisation asiatiques sont maintenant sur le devant de la scène. Le dogme de l’inégalité des races s’efface et ceux qui prétendent encore le conserver coûte que coûte intact en seront pour leur peine, à moins qu’ils ne désignent par le mot race que les caractères physiques et physiologiques d’un groupe d’hommes ; mais chacun sait que ce terme englobe aussi d’autres caractères. La réalité nous montre, en effet, des similitudes d’ordres très divers chez certains individus, des concordances, une inexplicable analogie entre eux qui nous frappent et décèlent à notre esprit et à nos sens une espèce d’hommes dont nous ne faisons pas partie, une autre « race » que la nôtre. Nous disons alors :