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ment le monde entier, inspire aux Orientaux le goût de la liberté, leur dicte les mots qui renversent les obstacles et ouvrent les voies nouvelles, au moment où certaines idées européennes s’imposent avec force aux Américains, n’est-ce pas pour le moins singulier ?

Sans doute, nous constatons avec d’autres une sorte de réaction contre l’Europe chez des peuples d’une autre civilisation que la nôtre ; mais qu’on ne s’y trompe pas — et beaucoup s’y trompent : en réalité, cette réaction s’opère contre l’attitude et les procédés de pays européens et non pas contre les idées de l’Europe, puisque aussi bien c’est au nom de ces idées qu’elle se fait. Ce n’est donc ni la déchéance de l’esprit européen ni l’étouffement du génie de l’Occident que, pour notre part, nous redouterions, mais plutôt l’accentuation de la réaction contre le maintien de cette attitude et la continuation de ces procédés.

La politique de force, justifiable, s’il est vrai que la fin justifie les moyens, par les résultats qu’elle a donnés et le prestige incontestable qu’elle entraînait, n’est plus possible, avons-nous souvent dit, pour des raisons d’ordre matériel et moral. Elle doit faire place à présent à une politique de collaboration qui ne soit pas exclusivement matérialiste. L’Europe ne doit pas se laisser opposer des principes moraux qui viennent d’elle, mais les transmettre