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un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère et le cerveau d’un vaste corps ? »

Sa prééminence dans tous les genres… Le terme est bien vague. Que faut-il entendre exactement par genres ? Il importe peu, d’ailleurs, car ce que nous voyons influencer les autres parties du monde par-dessus tout, ce n’est ni la science, ni la littérature, ni l’art de l’Europe, mais bien plutôt l’esprit d’où procèdent en Europe science, art et littérature, lesquels peuvent être plus ou moins suivis, imités, dépassés même : la suprématie intellectuelle qui entraînait le prestige d’autrefois n’est plus en jeu. Depuis que la culture est répandue dans les masses, l’inégalité qui existait entre les différentes régions du globe au point de vue du savoir tend à disparaître graduellement. Il ne faut ni s’en étonner ni s’en plaindre, encore moins s’en indigner. L’Europe peut bien ici perdre sa prééminence, mais, ce qui demeure, ce qui ne perd pas à être imité dans la mesure où cela peut l’être, c’est l’ensemble des qualités du fonds moral européen.

Redouter aujourd’hui l’envahissement de l’Orient ou « l’américanisation » du globe, au moment où l’esprit européen envahit précisé-