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c’est l’évidence même. Que la civilisation morale de l’Europe imprègne la pensée de plus en plus d’Américains comme la pensée de certaines catégories d’Orientaux, c’est également sûr ; mais, malgré notre prosélytisme et la suggestion qu’opèrent sur qualités essentiellement humaines et par conséquent a priori accessibles de l’esprit européen, les nécessités physiques du milieu chez les uns, autant peut-être que l’héritage moral des siècles chez les autres, créent une sorte de déterminisme racial et rendent impossible une assimilation complète.

Malgré tout, le fait que non seulement les inventions de l’Europe sont reprises et perfectionnées au dehors, mais que les théories, les doctrines européennes sont imitées, copiées, appliquées en partie avec plus ou moins de compréhension, d’habileté et d’opportunité dans l’Ancien comme dans le Nouveau Monde, est un argument en faveur de notre thèse.

Cependant, de bons esprits s’inquiètent et se demandent, comme M. Paul Valéry toujours dans son admirable livre intitulé Variété : « L’Europe va-t-elle garder sa prééminence dans tous les genres ? L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire