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la science et l’expansion de la culture européenne, porter la première atteinte à cette prépondérance et s’émousser ce prestige. Mais si le prestige s’émousse, l’esprit qui est à sa source au contraire se répand, traverse les mers, gagne les continents. Il pénètre chez les Asiatiques figés dans une civilisation millénaire et jusque là fermée, hostile même à tout contact avec l’Occident ; il se rajeunit, se renforce au commerce des Américains, avides de nouveautés de tous ordres.

Qu’est-ce donc, en effet, qui émeut les peuples de l’Est jusqu’à l’Extrême-Orient, sinon cet esprit européen dont l’action s’est d’abord exercée dans le domaine matériel par l’apport des inventions scientifiques, et qui maintenant s’attaque aux traditions et aux doctrines ?

Qu’est-ce donc qui incite le Nouveau Monde à porter son effort au maximum de rendement, de capital, d’échanges, qui décuple ses besoins et ses ambitions, sinon encore cet esprit européen à son degré suprême ? « Ce n’est pas l’Europe qui l’emporte, écrit M. Paul Valéry, c’est l’esprit européen dont l’Amérique est une création formidable. »

Ainsi, que ce soit dans la vieille Asie ou dans la jeune Amérique, l’esprit de l’Europe que l’on confond trop souvent avec le prestige d’autrefois, tend à l’hégémonie.