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manière l’Histoire est un perpétuel recommencement. Pourtant, dans la réalité des intérêts humains, les cas d’espèce comptent seuls, et il en faut chercher l’explication ou la genèse ailleurs que dans un vain rapprochement.

On a dit que l’Amérique prenait contact à l’ouest avec l’Asie comme, au quinzième siècle, elle avait pris contact à l’est avec l’Europe ; ou encore que l’Asie entrait en relations avec l’Amérique et l’Europe comme, au quinzième siècle, l’Amérique avec l’Europe. Des remous, ajoute-t-on, se produisent maintenant comme il s’en produisit alors ; c’est dans l’ordre : l’Histoire recommence.

Certes, un tel rapprochement n’est pas sans grandeur ; malheureusement, non seulement il n’explique rien, mais il ne traduit pas même un semblant de réalité. Cela serait sans importance s’il ne fallait redouter les déductions et les fausses prévisions que cette rhétorique peut entraîner dans la pratique des affaires publiques.

Lorsque, au quinzième siècle, les Européens mirent pied sur le nouveau continent, celui-ci était peuplé de primitifs qui ne les avaient pas sollicités et ne savaient rien d’eux, pas même leur existence. Au contraire, dans l’opération qui s’ébauche sous nos yeux, les Asiatiques qui viennent en Amérique et en Europe sont aussi nombreux que les Améri-