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théorie de Gobineau sur l’inégalité des races y est reprise et développée, et la thèse de l’hérédité l’emporte de plus en plus sur celle du milieu, chère à Renan ; des écrivains tels que MM. Lothrop Stoddard et Madison Grant l’ont répandue dans le public[1].

Jaloux de l’avenir de la « race américaine », M. Madison Grant, anthropologiste, se montre dans le Déclin de la grande race, impitoyable contre l’immigration étrangère plus dangereuse, dit-il, qu’une conquête armée », parce qu’elle risque d’altérer la « grande race », c’est-à-dire la race nordique, celle qui a le premier rang. « L’immigration libre, dit-il encore, ferait de notre nation une mosaïque comme l’ancien empire d’Autriche, au lieu d’une unité homogène comme était l’Amérique d’il y a un siècle ». Car les immigrés, lorsqu’ils sont assez nombreux, réclament des privilèges ou au moins des règlements et une administration qui leur soient propres. Le manque d’unité de race entraîne par conséquent ou risque d’entraîner l’unité de lois et par là de rendre impossible une société démo-

  1. Les campagnes pour la sauvegarde de la race anglo-saxonne sont facilitées par les incroyables méfaits du monde interlope et puissamment acoquiné qui, dans les grandes villes, comme par exemple Chicago, émerge bruyamment et souvent tragiquement des bas-fonds de l’émigration.