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un jour M. Paul Claudel dans une conférence à Tokio, des moments où, pour rester fidèle à l’esprit et à la vocation de la race, il faut savoir briser courageusement des formes qui ont eu leur valeur et leur utilité, mais qui ne s’accordent plus avec ce besoin de tout être vivant le plus sacré qui est de continuer à vivre. Ce moment est venu pour la France en 1789, il est venu pour le Japon en 1868.

L’âme de la race puise sa force dans le passé, et plus ce passé est long, plus l’âme y est attachée et a de mal à se faire aux conditions du monde moderne. Au contraire dans les pays pour ainsi dire, sans passé, l’âme individuelle constamment modifiée par les événements s’y plie sans peine.

Par là s’explique la différence dont nous parlons entre les États-Unis et les Républiques du Sud ; par là s’explique également le fait que ces dernières, — avec elles le Mexique, — n’excluent pas les jaunes mais les accueillent et parfois même les attirent. Elles ne craignent pas la déformation de leur esprit national par ces éléments ethniques étrangers à leur sol ; elles estiment qu’elles se les assimileront plus ou moins et que ce ne sont pas en tout cas ces nouveaux venus qui dessécheront les racines profondes de leur long passé. Tandis que les États-Unis qui cherchent à être autre chose qu’une masse d’hommes assemblés au hasard, redoutent de plus en plus l’immigration. Si leur stabilité politique et leurs