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fois avec d’affreux raffinements de cruauté. Les meilleurs éléments sont là parfois, des gens de bonne société, des fonctionnaires, des juges même : ils approuvent, ils ne s’en cachent pas, ils me l’ont dit ! Voilà pourquoi, dans l’atmosphère de ce pays de romance, flotte je ne sais quoi d’inquiétant, de trouble, de barbare. Ces gens cordiaux, ces gentilshommes aux manières parfaites qui vous parlent, ce sont peut-être des assassins : la nuit, dans les bois, ils se sont mis à cent pour tuer un homme ; et des milliers d’autres que vous pouvez connaître, que vous avez sans doute rencontrés, ont été leurs complices ! Le Texas, la Géorgie, la Caroline du Sud, ce sont des États du XXe siècle, extérieurement civilisés. Ils s’apparentent pourtant aux pays de pogroms.

Le Sud prétend depuis longtemps défendre la race blanche et empêcher les États-Unis de devenir « un second Brésil ». L’interdiction du mariage entre les deux races y est rigoureuse, la loi prohibe cette misgeneration et il suffit d’un arrière-grand parent noir pour qu’elle s’applique. Mais depuis la guerre, les noirs qui ont combattu en Europe quittent les campagnes du Sud où l’on a voulu les ramener au rang de parias et continuer à les cantonner dans les besognes pénibles. Ils fuient vers le Nord des États-Unis et le plus grave inconvénient de cet exode a été de créer un sentiment hostile à la race noire dans des contrées où jusqu’alors il ne régnait pas. Des émeutes sanglantes eurent lieu en 1919, 1920,