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Bref, plus les rapports s’établissaient entre Américains et Asiatiques, plus les premiers prenaient ombrage des aspirations des seconds, considérés comme de race inférieure.

Pourtant la crise des civilisations était moins le résultat de leur inaptitude à s’influencer, à se concilier, que justement le résultat d’un contact trop rapide. La diffusion d’une culture supérieure exerce à la longue sur les masses une action salutaire, éclaire les esprits comme les progrès matériels développent la richesse générale et répandent le bien-être dans les classes déshéritées. Mais l’individualisme s’imposait tout à coup à des sociétés communautaires, patriarcales ; la démocratie à des peuples qui n’avaient jamais connu que l’impérialisme et le pouvoir absolu ; la science exacte à la routine et aux superstitions séculaires.

Au lieu de ces brusques changements que ne suivait pas, que ne pouvait pas suivre une aussi prompte adaptation, c’est lentement, méthodiquement, que, de toute évidence, les vieilles traditions auraient dû être modifiées, si l’on eût voulu éviter la crise. On ne sut pas s’en garer. À vrai dire, le pouvait-on ?…

Toujours est-il que la crise de la civilisation matérielle et de la civilisation morale est ouverte dans le Pacifique, qui semble, à certains, devoir fatalement dégénérer en crise