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De même que les progrès matériels tendent à se propager uniformément par le monde, une sorte de civilisation universelle se forme avec des institutions internationales comme les postes, le système métrique, la protection de la propriété industrielle, la répression de la traite, la Cour d’arbitrage de La Haye, etc. L’étude des langues vivantes se répand dans tous les pays. Les mêmes mouvements philosophiques se produisent en Europe et en Amérique, se font sentir jusqu’en Extrême-Orient. Cependant les principes fondamentaux des civilisations intéressées dans le Pacifique s’opposaient à ce point les uns aux autres, que la poursuite d’un même but : le relèvement de la condition morale des masses dans une sorte d’unification morale, aggravait la crise au lieu de l’atténuer, chaque pays tenant pour la plus humaine, la civilisation dont les principes pour lui étaient le plus favorables, sans tenir compte des conditions du voisin. Au reste, certaines institutions conviennent mieux à certains stades de civilisation qu’à d’autres, parce qu’elles traduisent les besoins d’un peuple à une époque déterminée. Il est toujours risqué pour un peuple d’adopter sans transition les institutions ou les idées d’un autre peuple plus avancé que lui. Le moins qu’il puisse lui en coûter est un déséquilibre intérieur plus ou moins profond et plus ou moins long.