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Le savoir, qui était une valeur de consommation, devient une valeur d’échange. L’utilité du savoir fait du savoir une denrée, qui est désirable non plus par quelques amateurs très distingués, mais par Tout le Monde… Résultat : l’inégalité qui existait entre les régions du monde au point de vue des arts mécaniques, des sciences appliquées, des moyens scientifiques de la guerre ou de la paix, laquelle se fondait la prédominance européenne, tend à disparaître graduellement[1].

De l’émulation ou, plus exactement, de l’animosité créée par la concurrence des civilisations, à l’hostilité née du préjugé de race, il n’y avait pas loin ; des hommes de civilisations différentes, qui recherchaient les mêmes avantages matériels, un confort égal, se dressaient vite les uns contre les autres comme représentants de deux races : celle de couleur faisant effort pour atteindre au bien-être de la blanche ; celle-ci l’en empêchant en restreignant ses possibilités d’infiltration et de permanence.

Dans le domaine moral, l’opposition était pire encore et la crise y atteignait toute son acuité. Les civilisations en présence s’opposaient dans leurs principes mêmes autant que dans les conditions de leur développement.

  1. Paul Valéry : Variété « La Crise de l’esprit », p. 21 (Éditions de la N. R. F.).