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loppaient les différents groupes humains comme des zones d’indifférence imperméables à la haine et à l’amour. Il n’en fut plus ainsi quand les branches dispersées de la famille humaine pénétrèrent les unes dans les autres. Elles s’aperçurent alors qu’elles étaient différentes, et ces différences les attirèrent mutuellement en même temps qu’elles leur inspirèrent une répugnance réciproque[1].

Le prestige de la civilisation qui inventa l’ensemble de connaissances dont nous venons de parler, qui fut seule pendant un temps à le posséder et à en user, s’émousse à mesure que d’autres civilisations s’y adaptent ; toute tutelle de l’une sur les autres, tout privilège deviennent insupportables. Or cette civilisation est celle des blancs : Européens et Américains. Aux yeux des jaunes, les caractéristiques européennes et américaines n’existent pas ; un seul et même type, le type blanc, ressort, et c’est contre lui, en tant que représentant d’une même civilisation, que les jaunes se comptent.

Nous ne ferons pas le procès des méthodes d’enseignement ou d’importation des idées et des inventions des blancs chez les jaunes ; nous ne dresserons pas de réquisitoire contre ce que l’on appelle, non sans dépit quelquefois, l’émancipation des peuples asiatiques. Le re-

  1. Guglielmo Ferrero : L’Unité du monde, p. 9 (Kra, édit.).