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peut dégénérer en conflit armé. Tout ce qui peut écarter ou seulement retarder pareille éventualité : l’adoption ou l’étude d’un principe nouveau, une notion nouvelle répandue parmi les peuples, — tout cela doit être retenu.

Or, en dépit de la propagation du nationalisme, nous verrons qu’une idée nouvelle tend à s’affirmer de plus en plus dans de vastes régions devant les progrès matériels réalisés par les hommes de couleur, en l’espèce les jaunes[1].

Ces progrès sont à la fois la cause d’une pénétration réciproque des civilisations de l’Asie, de l’Europe et de l’Amérique et d’une crise inévitable entre elles. Tant que les groupements des peuples ont vécu isolés et que leurs civilisations sont restées distinctes, des crises partielles seulement étaient à craindre ; dès l’instant où le développement des moyens de communication, la vulgarisation des sciences et des arts, l’adoption des mêmes doctrines philosophiques et sociales se généralisent, une crise plus étendue est à redouter. Un sort fatal veut que plus les hommes se mêlent, moins ils s’entendent et se supportent.

L’éloignement et l’ignorance, écrit Ferrero, enve-

  1. Nous savons qu’il ne manque pas de différences entre les peuples jaunes, mais nous prenons ici le terme de Jaunes dans son sens le plus général en opposition avec celui de Blancs.