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de l’Orient ni de l’Occident, se retourne volontiers et sans peine vers l’Asie depuis ses tragiques aventures européennes. Il prêche l’émancipation à des sociétés désaxées par l’ébranlement de la guerre mondiale et qui mêlent aux idées qu’elles tiennent de l’Occident son dogme d’une refonte nécessaire du monde, après la destruction de tout ce qui est.

On a parlé de mystique bolchevique. Le terme n’est pas hasardé. Les convictions mystiques apparaissent aux croyants sous forme de vérités absolues ; elles sont crues par suggestion ou contagion mentale, grâce à quoi le mysticisme devient collectif, et, de tous les mobiles qui poussent les hommes à agir, ceux d’origine mystique furent toujours les plus forts. La foi bolchevique engendre l’âge d’or dans les imaginations. Or, le Russe lui a donné spécialement comme objet spirituel, aux yeux des jaunes, l’unité de l’Asie contre les blancs.

Après que les Soviets eurent créé en Asie centrale les républiques de Khiva, de Boukhara, du Turkestan, la Chine leur parut être le pays le mieux préparé à suivre les préceptes du nouvel évangile, à cause de l’état chaotique dans lequel elle se trouve politiquement ; mais ils s’aperçurent assez rapidement que la pure doctrine de Moscou avait peu de prise sur les masses chinoises dont elle