Page:Duboscq - Le Pacifique et la rencontre des races, 1929.pdf/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’américanisme nous paraît tout aussi superficiel. S’il modifie jusqu’à un certain point les habitudes et les conditions de vie d’un plus ou moins grand nombre d’individus, il est sans emprise véritable sur l’esprit européen et ne saurait prétendre à la direction de la pensée moderne.


« L’orgueil dément de l’Europe, a écrit M. Sylvain Lévi, surexcité par un siècle d’admirables inventions, prétend faire la loi au reste du monde. »[1] Est-ce bien exact ? Y a-t-il en jeu tant de prétention ? N’y a-t-il pas plutôt le simple effet sur l’homme de toutes les latitudes de ce qui est mesuré, rationnel et proportionné à sa nature ?

Au lieu de la soi-disant prétention de l’Europe à s’imposer, n’est-ce pas la recherche de ses trésors les plus précieux par les habitants des autres parties du monde, qui frappe l’observateur ?

Demandez aux Orientaux et aux Américains, aux riverains du Pacifique, s’il y a, s’il y eut jamais chez eux une synthèse de principes moraux, de connaissances scientifiques, d’institutions sociales et de créations esthétiques, plus harmonieuse et mieux équilibrée que celle qu’ils trouvent en Europe.

  1. Les Appels de l’Orient, p. 12 (Émile-Paul, édit.).