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en même temps que ses connaissances pratiques, en en acceptant courageusement et noblement les conséquences. De cette façon toute réaction perdra sa raison d’être.

Que l’Europe se souvienne que sa civilisation est à la fois matérielle et morale, que les peuples prétendent en bénéficier à ce double point de vue et qu’ils ne se contentent pas d’en connaître la théorie, mais qu’ils veulent encore la mettre en pratique dès qu’à tort ou à raison ils s’en jugent capables. Si c’est à tort : à nous de les éclairer et de les aider. Soyons en tout cas convaincus que l’état qu’ils convoitent, ils s’efforceront dorénavant de l’acquérir avec nous et à notre honneur, ou malgré nous et à nos dépens.

Mais ne nous alarmons pas comme d’aucuns le font : l’Europe n’est pas encore indifférente au reste du monde et, d’autre part, nous ne sommes pas à la veille de voir se corrompre les fruits de notre civilisation par des apports étrangers. « L’Asie est un mets très séduisant mais qui empoisonne ceux qui le mangent », a dit Gobineau. Possible, mais mangeons-nous tant de ce mets ? « Beaucoup d’Européens et d’Américains, assure quelque part Ferrero, admirent dans les livres la mystique hindoue ou la sagesse confucienne, parce que, le livre fermé, ils agissent comme s’ils les ignoraient totalement. »