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cains et les Européens qu’ils reçoivent chez eux, et en outre ces Asiatiques savent où ils vont, connaissent théoriquement, avant d’y débarquer, l’Europe et l’Amérique, leurs sciences et leur civilisation. Alors que jadis l’Europe alla au-devant de l’Amérique, aujourd’hui l’Asie vient au-devant de nous avec son génie particulier et armée de notre savoir et de nos idées. Les remous ne peuvent être comparés à ceux qui ont pu se produire il y a cinq siècles, et l’on voit par conséquent ce que vaut le rapprochement dont nous parlons.

En réalité, les échanges intellectuels entre l’Asie et les autres continents, plus encore que le déplacement des individus dans les deux sens, posent des problèmes ethniques, sociaux, politiques, que la découverte de l’Amérique n’avait pas posés. Quand l’Espagne organisa ses conquêtes d’au-delà de l’Océan, elle n’eut qu’à leur imposer un régime qui lui réservait les profits sans souci des indigènes. Ceux-ci ne reçurent aucun droit. Quant aux colons, interdiction leur fut faite de rien vendre et rien acheter ailleurs qu’en Espagne. L’unique but des conquistadores était d’assurer à la métropole le monopole du commerce d’outremer ; problème économique — si tant est qu’il y eut là un véritable problème — dont la solution ne nécessitait que des mesures de surveillance.