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Patriotisme, nationalisme, sont en tête du programme de la Jeune Chine. Ils naissent peu à peu au cours des évènements, au milieu des vicissitudes que traverse la Chine, des épreuves qu’elle endure, des guerres qu’elle soutient pour défendre son patrimoine et aussi des exemples qu’elle puise au dehors.

Le temps n’est pas loin où le soldat fils unique qui désertait le champ de bataille, était encore comme jadis loué par les lettrés d’avoir ainsi préservé son existence pour nourrir son père et continuer le culte ancestral. Il n’en est plus ainsi. Le vieil axiome chinois : « De même qu’on ne fait pas un clou avec du bon fer, on ne fait pas un soldat avec un honnête homme », n’a plus cours non plus. Les Chinois se battent courageusement avec un sentiment plus haut, plus efficient, plus créateur d’action qui commence à se juxtaposer à celui de « la communauté chinoise ».

Ce n’est pour la masse qu’une juxtaposition, mais c’est tout de même quelque chose de nouveau ; pour l’élite, c’est déjà quelque chose de compris ou ce qui est mieux en l’espèce, de ressenti. S’instruire n’est pas tout à fait pour elle synonyme de gouverner, mais plutôt synonyme de contribuer à mettre la Chine au rang des nations modernes les plus puissantes, de l’y maintenir et de l’y défendre.