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fois les lettrés pour qui s’instruire et gouverner étaient synonymes.

Mais de même, l’État n’est-il pas aussi pour elle synonyme de famille ? « L’homme sage, disait Confucius, peut unir tous les peuples afin de ne faire qu’une seule famille ».

La famille comme le village sont encore à présent les seules institutions qui soient profondément enracinées. Les cérémonies du culte agraire et du culte ancestral ne sont plus officielles sauf, au cours de certaines périodes, celles du Temple de Confucius et quelquefois, pour que la pluie tombe, celles du Temple de la Terre ; les pèlerinages ne sont plus obligatoires, mais combien se font encore machinalement, sans la foi d’autrefois, mais pourtant avec régularité[1].

  1. Nous avons pu assister, à Pékin, à une cérémonie au Temple de Confucius. Le ministre de l’Éducation, accompagné du haut personnel de son département vint se prosterner et brûler des baguettes d’encens devant la tablette de Confucius où s’inscrivait en caractères d’or, sur fond noir, le nom du Sage. Les instruments de musique rituels tels que gongs, caisses de différents calibres, longues trompettes de cuivre, plaques de jade de diverses dimensions taillées en équerre, suspendues à des portiques et frappées en mesure afin de leur faire rendre des sons fort appréciés des oreilles chinoises : tout cela composait un concert assez singulier. Dans l’espace dallé qui s’étendait devant le temple, des officiants évoluaient lentement et se prosternaient dans un ordre parfait. Le ministre prononça un long discours. La cérémonie, en somme, ne manquait pas de grandeur et les Européens qui eurent le privilège d’y assister ne l’ont certainement pas oubliée.