Page:Duboscq - L'élite chinoise, 1945.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évoluer la Chine d’une manière normale et raisonnée. Pour susciter de véritables élites, il faut d’abord créer un milieu politique stable, la solide charpente d’un Gouvernement et d’une Administration, ce qui permet une stabilité d’enseignement et d’étude. À vrai dire, nombre de gouverneurs de provinces ne s’intéressent guère à l’organisation de l’enseignement parce qu’il n’y a pas là de profit pour eux ; ce n’est pas comme par exemple les entreprises de construction. Il faut que tout rapporte, que même toute fonction ait un certain rendement ; c’est ce qu’on appelle le penn-senn, c’est-à-dire une situation, au sens péjoratif, nous dirions un « fromage ».

Tout en laissant à notre interlocuteur la responsabilité de son opinion sur les gouverneurs de province qui ressemblent à l’entendre aux mandarins d’antan, nous avons suffisamment nous-même l’expérience de la nouvelle Chine pour reconnaître que peu de jeunes Chinois ont le sens de l’organisation ; mais ceux-là l’ont et le prouvent.

Cependant quel que soit le degré d’évolution atteint par la nouvelle élite, nom que nous donnerons aux intellectuels de toutes spécialités, de tous rangs et de toutes valeurs, cette élite veut organiser le pays dans le cadre d’une nation, d’un État. Pour cela, elle veut gouverner comme autre-