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Chinois pensent tous ainsi. Et l’abîme ne se comblera jamais[1] ».

Ne croit-on pas entendre Kipling : « And never the twain shall meet ? » Et pourtant l’idéal de la nouvelle élite chinoise est, nous le répétons, de transformer en nation une civilisation de type essentiellement familial sur laquelle s’est placée pour commencer une façade républicaine. C’est ce qui explique son désir de tenir des emplois dans l’Administration et pour cela d’étudier le droit en Chine ou à l’étranger. En même temps, elle veut s’adapter aux études scientifiques de l’Occident, bien qu’elle y ait peu de dispositions, de l’avis des personnes les plus compétentes. Le Chinois se complait dans l’imprécision, il est imprécis ; une expression qui revient sans cesse dans la conversation : cha pou touo, signifie : à peu près. Tout se fait, s’exécute à peu près, se résout à peu près.

Par contre, la poésie, les lettres (romans, critique, sociologie, traductions) correspondent aux goûts et aux aptitudes des Chinois. Les étudiants s’orienteront donc vers le droit, les sciences sociales. Ceux qui se tournent vers les sciences exactes vont le plus souvent aux États-Unis, attirés par le confort et désireux d’y apprendre les raffinements mécaniques de la vie.

  1. Comte Sforza, l’Énigme chinoise, p. 16 (Payot).