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ment du sentiment patriotique de notre peuple ».

Il n’est pas niable qu’un réel effort a été accompli dans ce sens et qu’en outre les évènements sont venus l’accentuer. Mais faut-il encore qu’après la guerre mondiale, l’horizon de la masse chinoise ne s’arrête plus à la famille et au village ; que la famille si solidement constituée jadis, et encore aujourd’hui pour elle l’unité fondamentale, se concilie d’une façon permanente avec la conception nouvelle de la patrie.

On lit dans un article du Bulletin de la YMCA chinoise, No 39, de janvier 1921 : « En Chine, nous avons une notion traditionnelle du but de la vie humaine, que j’appellerai familiale ou ancestrale. Elle a été déduite de l’idée que Confucius se faisait de la piété filiale. Elle se résume en trois points : propager la lignée des parents, la race des ancêtres, continuer et perpétuer les offrandes aux ancêtres défunts, développer la fortune laissée par les ancêtres. En dehors de cela rien. Que si parfois il est question de dévouement pour l’État, de sacrifice pour la société, la chose est toujours expliquée comme une commutation de la piété filiale, le fils se dévouant et se sacrifiant pour obéir à ses parents auxquels il a plu de lui donner cet ordre, non par amour de la patrie ou de la société. Avouons, la main sur le cœur, que nous ne nous sommes jamais élevés plus haut.