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Quand le régime républicain remplaça le régime impérial, le goût de l’élite pour la politique pure se marqua encore, sauf pendant les trois ou quatre années qui suivirent la révolution, par le nombre tous les ans très important des étudiants en droit. Gouverner à quelque titre que ce soit, fût-ce comme titulaire du plus modeste poste administratif est le but de tout étudiant en droit. Quant à son idéal, lorsqu’il en a un et qu’il ne songe pas qu’à son intérêt personnel, ce n’est plus d’aider le souverain, mais d’aider la Chine à devenir un État comme les États d’Europe et d’Amérique, c’est-à-dire un groupe humain appuyé sur des bases territoriales et spirituelles intimement soudées les unes aux autres, en mesure de soutenir son indépendance au moyen de ses propres ressources et dirigé par une autorité reconnue vers le but qu’il se propose ; de contribuer à transformer la civilisation chinoise en nation — l’État n’étant dans la sphère de droit que l’organe de celle-ci, « l’expression même de l’égoïsme national[1] » — par la création d’un sentiment national, d’un patriotisme que prêchent les manuels de morale mis à la disposition de la jeunesse depuis la révolution de 1972.

Ce patriotisme, on le trouve défini dans maints

  1. Lucien Romier, Nation et civilisation, p. 91 (Kra).