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avec la réorganisation du pays dans le cadre d’une nation et cela incite la jeunesse d’aujourd’hui à attaquer ces vestiges du passé. Mais cette jeunesse doit savoir que les questions sociales ne se résolvent jamais vite, qu’elles demandent une accoutumance, de longues expériences. Certes, la Chine en a fait au cours des siècles ; elle a expérimenté toutes les théories sociales bien avant les pays d’Europe, mais tout est à recommencer dans des conditions très différentes d’autrefois et d’abord avec le contact de l’étranger qui applique certaines théories qui valent pour lui mais qui peuvent ne rien valoir pour elle. Il faut en la matière du savoir, du tact, de la patience et du dévouement. C’est peut-être beaucoup exiger de la jeunesse et en particulier d’une jeunesse qui a hâte d’agir. Cependant, l’intérêt de l’État en dépend.

Former une élite est une chose, l’employer utilement en est une autre. Les réformes peuvent suffire à la former. Tel décret par exemple réformant une fonction fait naître un fonctionnaire nouveau style. Partie, en Chine, de la nécessité manifeste de passer sur le plan des étrangers en certaines matières jusque là négligées où même méprisées, l’idée de la formation d’une élite moderne s’imposait, de sorte que, grâce à la conviction unanime de cette nécessité, elle devait aboutir, malgré la tradition des clans,