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son projet ! En un mot, il fut surtout comme on l’a dit « un merveilleux démolisseur ». Son action sociale se traduisit par l’élaboration de principes vagues et ses rapports avec l’étranger furent passablement incohérents. On a recueilli de sa bouche les propos les plus contradictoires sur tel pays ou tel autre, de sorte qu’on lui a prêté suivant les circonstances des opinions non moins contradictoires en politique étrangère. Agitateur, il le fut jusqu’à sa mot.

Ce jour-là, l’idée simple du grand homme, du culte d’un évangile dont les hommes ont toujours besoin descendit sur les villes chinoises. Alors, monuments funéraires, banderoles portant ces exhortations : Organisez des unions ouvrières ! Combattez l’impérialisme britannique ! Vive Lénine ! Vive Sun Yat Sen !… L’encens devant de grandes photos du personnage, mets délicats offerts à ses mânes… Bref, la Chine avait son nouveau Bouddha.

Dans son livre intitulé : L’Énigme chinoise (Payot), le comte Sforza a pu écrire : « Mort, il acquiert une autorité qu’il n’eut jamais de son vivant. Vivant, il rappelait Kerenski ; mort, il rappelle Lénine. »

Il est regardé, en effet, par la Jeune Chine comme un héros national ; mieux encore, sa personnalité est presque devenue celle d’un dieu. Longtemps