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Souverain au maintien de l’ordre universel. Ce haut idéal ne se maintint pas au couts des âges ; finalement quand le vice-roi ou gouverneur d’une province avait apporté à l’empereur le tribut annuel de son fief, il se tenait pour libéré de toute obligation à son égard et la préoccupation de l’ordre universel était réservée aux heures qu’il consacrait, si tant est que cela lui arrivât, à l’étude ou à la méditation. Sans doute pensait-il plus souvent à amasser une fortune rapide en exploitant ses administrés. Toutefois la même élite que jadis n’en existait pas moins, à cause de son recrutement qui n’avait pas changé, mais à cause surtout de l’immobilité de la Chine restée en dehors de l’évolution générale et du progrès mondial, attachée à ses coutumes et à ses traditions et toujours exclusivement préoccupée de son pain quotidien.

Rien, à vrai dire, n’incitait cette élite, heureuse de sa condition, à en sortir. Au contraire, elle était en général bien plus encline qu’on ne le croit à s’y cramponner et les échos qui, à la fin, lui parvenaient du dehors étaient faits plutôt pour l’ancrer dans ses habitudes que pour l’en écarter.

Il fallut, quand on y pense, de rudes secousses pour ébranler l’édifice millénaire de la Chine et en particulier pour modifier ou seulement mettre en question la formation de l’élite.