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autre époque les rouages du gouvernement. La matière des examens était déterminée par eux. Eux seuls étaient examinateurs et il était indispensable de faire profession de leurs idées. Ils détenaient de cette façon une sorte de monopole pour le recrutement des fonctionnaires, ce qui leur donnait en fait le gouvernement du pays.

Les lettrés, c’est-à-dire tous ceux qui avaient plus ou moins étudié les textes sous un maître confuciiste, représentaient un pour cent de la population totale, soit trois ou quatre millions d’individus.

Le P. Wieger dans son Histoire des croyances religieuses (Challamel) les juge sévèrement. « Les lettrés, écrit-il, p. 698, souffrent tous plus ou moins, dans leur volonté, des suites funestes de la voie moyenne confuciiste. S’en tenir, dans tous les cas, à l’expédient qui coûte le moindre effort, au truc qui permettra de se tirer vaille que vaille de la difficulté présente, sans utilisation des expériences passées, sans prévoyance des éventualités futures. »

La critique est acerbe, mais à dire vrai, si les lettrés ont compté parmi eux des esprits novateurs, ils n’ont jamais su conformer leurs actes à leurs paroles souvent justes et hardies. L’audace agissante leur a toujours fait défaut. Tournés vers le passé, ils ont rien fait pour que leur opposition dépourvue d’activité réalisatrice servit à l’avenir de la Chine.