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L’heureuse fortune des laboureurs était un effet de la vertu du souverain qui possédait alors le « mandat du ciel » (Tien-ming). Pendant des siècles et jusqu’à la chute de l’Empire, le pouvoir du Souverain se justifiera sans constitution écrite par son talent à « rendre sensibles les principes d’ordre et de hiérarchie qui gouvernent l’Univers comme l’individu. Ce qui compte avant tout, ce sont les manifestations par lesquelles le Ciel montre qu’il confère, maintient ou retire son mandat. La survenance de prodiges ou simplement de faits en contradiction avec l’ordre normal des choses, atteste que la faveur du Ciel s’éloigne de l’Empereur, que la vertu dynastique est prête à s’éteindre[1] ». L’analyste et astrologue Sieu-Ma-Tsien, au IIe siècle avant J.-C., écrit : « Une seigneurerie doit avoir l’appui de ses Monts et de ses Fleuves. Quand s’écroulent les monts, quand tarissent les rivières, c’est présage de ruine ». À partir de ce moment, rien ne protège plus le souverain qui peut être tué, suivant la théorie du régicide de Mencius.

Qu’on ne s’étonne donc pas que jusqu’à la révolution de 1912, par la vertu d’un conformisme traditionaliste, les cérémonies aient été célébrées comme par le passé, avec des modifications sans

  1. Jean Escarra. La Chine, p. 86 (Armand Colin).