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que leurs jeunes unions coopéraient au renouveau… Ils croyaient que leurs noces printanières favorisaient la germination universelle, qu’elles appelaient la pluie de saison et qu’enfin, désacralisant la terre, interdite pendant l’hiver aux travaux humains, elles ouvraient les champs aux œuvres fertiles. »[1].

Dans la maison, les unions sur le sol étaient comme dans le Lieu Saint des unions avec le sol. « Ce sol, dit encore Granet, était la terre des femmes. Celles-ci concevaient dans la demeure natale, au contact des grains où de la vie semblait enclose. Entre les mères de famille, les semences engrangées et le sol domestique, s’établit une communauté d’attributs. Auprès des grains et du lit, une masse confuse d’Âmes ancestrales semblait, attendant le temps des réincarnations, séjourner dans le sol maternel, cependant que, donnant la fécondité aux femmes et la recevant d’elles, la Terre paraissait une Mère[2]. »

À côté du cycle agraire ou saisonnier dont l’homme cherchait à se rapprocher le plus possible dans l’agencement de sa propre existence, il y avait

  1. Marcel Granet, La religion des Chinois, p. 14 (Gauthier-Villars)
  2. Marcel Granet, La civilisation chinoise, p. 205 (La Renaissance du Livre).