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qu’il redoutait les inondations, les sécheresses, les famines et cherchait à se concilier, même par le sacrifice de victimes humaines, les puissances qui disposaient de ces fléaux.

Peuple de paysans, il calquait le cycle de sa vie sur le cycle agraire. Période de réclusion, l’hiver était réservé aux travaux des femmes, aux tisserandes en premier lieu. Puis le printemps venu, la période des travaux agricoles commençait pour les laboureurs. En même temps, la fécondation de la terre annonçait celle de la race. Les unions, interdites pendant l’hiver s’accomplissaient en plein air, dans les lieux consacrés, les Lieux Saints, hors des champs cultivés et où se tenaient les grandes fêtes qui étaient comme des foires.

« Lorsque dans le Lieu Saint, écrit Granet, la glace des rivières fondait aux souffles du printemps, lorsque les eaux redevenaient vives et que les fontaines longtemps taries jaillissaient, lorsque tombait enfin la douce pluie fécondante et qu’apparaissait la rosée, quand les fleurs précoces poussaient dans les coins humides, au temps des feuillages renouvelés, des pruniers, des pêchers fleuris, des hirondelles revenues, pendant que les pies bâtissaient leurs nids et que les oiseaux par paires se poursuivaient en chantant, garçons et filles pensaient, lorsqu’eux mêmes s’unissaient sur la terre sacrée,