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pas parvenus à lui faire suivre l’ascension des autres pays, parce qu’ils s’étaient heurtés aux traditions.

Ceux qui parlaient de la sorte oubliaient d’abord qu’un peuple quel qu’il soit ne peut jamais rompre complètement avec son passé et qu’il n’y gagnerait rien d’ailleurs, car il y puise ses vertus propres qui valent toujours et sans lesquelles il ne serait qu’une proie délibérément offerte à qui voudrait s’en saisir. Ils oubliaient ensuite que c’est grâce à son étonnante et unique civilisation, la plus durable de toutes, que la Chine à traversé les siècles et résiste aux attaques de tous ses ennemis qu’elle a fini par gagner à ses habitudes, à sa manière de vivre et de penser.

Or cette civilisation est encore un fait actuel, elle constitue un passé encore vivant, si bien qu’on a pu dire que la Chine était moins une nation qu’une civilisation, faute d’avoir passé de l’idée de famille qui d’après Confucius devait indéfiniment lui suffire, à l’idée de patrie, de l’idée de patrie à l’idée de nation. De cette formation incomplète et perpétuée au cours des siècles, il est resté, comme la écrit Paul Claudel, que le peuple chinois, énorme, original et très social fut incapable de parachever son ouvrage. « Il ne se sauve de la destruction que par sa plasticité, montre partout comme la nature un caractère antique et provisoire, délabré, hasardeux, lacunaire ». Caractère dont il tend à présent